La lune & Mars c'est fini : le manque d'ambition, les projets à venir.

Publié le par S0L

chinamoon.jpg   Ca y est, le programme d'exploration lunaire et martien américain a été annulé, crise oblige, merci les banquiers et les militaires! Et qu'importe les rêves et les aspirations que peut suciter la conquête spatiale chez les enfants en particulier et les peuples en général!

   La réforme du budget 2011 de la NASA ré-oriente les objectifs de l'administration de l'exploration humaine vers l'exploration robotique du système solaire, notamment avec le financement du James Webb Telescope, successeur de Hubble, le financement de Juno, sonde dédiée à l'analyse de Jupiter & ses lunes, un duo avec les européens pour explorer le système Saturnien et se poser sur Europa, plusieurs centaines de millions de dollars de subventions au secteur spatial privé à qui la Nasa déléguera l'envoi d'astronautes américains dans l'espace à compter de 2012-13, date de mise en retraite définitive des navettes US.

   D'ici là le budget prévoit l'achat à la Russie de places sur ses capsules Soyouz, 50 millions $ pièce ; pendant plusieurs années les USA, pour la première fois de leur histoire, n'auront plus accès (officiellement) à l'espace. Seuls les chinois (qui ont un programme spatial très ambitieux avec la lune et mars comme objectifs) et les russes posséderont la capacité d'envoyer des sapiens hors de leur prison dorée.

   La durée de vie de l'ISS, la station spatiale internationnale de 200 tonnes a elle été prolongée de 2016 jusqu'à au moins 2020. Sans navette cependant nous ne serons plus en mesure de l'aggrandir, les hommes ne possédant plus de lanceurs suffisament puissant pour envoyer de nouveaux modules. Notons également des fonds pour la conception d'un lanceur lourd afin de remplacer la capacité d'envoi en orbite de la Navette, mise en service probablement aux alentours de 2025. La Nasa prévoit aussi un budget conséquent pour l'étude du réchauffement planétaire et la planète en général. Malheureusement les systèmes alternatifs de mise en orbite ne semblent pas avoir étés pris en compte, probablement pour des raisons politique (emplois).

  • Quicklaunch, cannon à hydrogène de mise en orbite capable de diviser le coup par kilo de mise en orbite par 100
    http://4.bp.blogspot.com/_VyTCyizqrHs/S1D8W7AKu6I/AAAAAAAAGSU/eE4APDqqPUY/s320/quicklaunch.jpg
  • Les ascensceurs spatiaux, techniquement viables mais certains matériaux manquent encore (un cable de 40 000 km de long c'est pas facile à faire!) Le Xprize sponsorise les Space Elevator Games afin de stimuler la recherche universitaire et privée dans ce sens.
    http://www.acceleratingfuture.com/michael/blog/images/SpaceElevator_thumb.JPG
    Le concept de l'ascenseur spatial, et ci dessous les Space Elevator Games de 2009



  • Les cannons nucléaires qui, en plus de pouvoir envoyer de grandes quantités de matières premières, d'eau et de carburant en orbite, pourraient également servir à expédier les déchets nucléaires dans le soleil plutot que de les stocker sous terre, tout ca pour un coup équivalent si une coopération internationnale comme celle de l'ISS venait à être décidée.


  • Les fusées atomiques d'exploration interplanétaire et interstellaire comme le Projet Orion, le projet Aimstar, le projet Daedelus ou encore le projet Vista(pdf)

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    Projet Daedelus, années 70, propulsion nucléaire et robotisé direction l"étoile de Barnard (4,4 années lumière)

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Projet Orion avec fusées conventionnelle pour la sortie de l'atmosphère puis propulsion par explosions nucléaires, habité ou robotisé selon la mission ; destination les planètes géantes de notre système solaire.

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Différents projets envisagés depuis 40 ans reposants sur la propulsion par explosion ou fusion nucléaire pour atteindre des vitesses comprises entre 0,1 et 10% de celle de la lumière. (Mars en 30-90 jours, Jupiter et Saturne en 150-300 jours)

  • Les avions spatiaux type Skylon


    Jet  jusqu'à mach 5.5 puis mi-avion mi-fusée jusqu'en orbite. Vol automatique comme la navette soviétique Buran .Réutilisable et relativement économe, ne permet cependant pas l'exploration spatiale car limité à 100-200 km d'altitude.

  • Les moteurs à plasma type Nasa NEXT et Ad Astra VASIMR (Variable Specific Impulse Magnetoplasma Rocket)




    Allumages de test du moteur VASIMR en chambre sous vide à l'automne 2009

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    Satellite européen d'étude gravitationnelle "GOCE" de l'ESA lancé au printemps 2009 avec moteur à ions

    Ces moteurs permettent d'atteindre de hauts niveaux d'efficacité aussi bien au niveau de la vitesse (le plasma est expulsé du moteur à 100 000km/h) que du peu de carburant et donc de poids nécessaire. Ils existent et sont déjà utilisés sur plusieurs sondes (New Horizon en route vers Pluton et le très sexy GOCE européen en orbite autour de la Terre ci-dessus). Les moteurs VASIMR couplés à un petit réacteur nucléaire permettraient d'atteindre des vitesses proches de celles offertes par les moteurs à propulsion nucléaire explosive directe et mettraient Mars à 2 mois de voyage seulement.


   Tous ces concepts sont relativement futuristes et le resteront tant que la communauté planétaire persistera à utiliser son énergie et ses ressources pour se mettre sur la gueule plutot que d'explorer les alentours de sa planète. D'une certaine manière on peut également affirmer que c'est la logique capitaliste de la fabrication et de l'entretien de la rareté comme moteur au développement economico-technologique qui empêche toute avancée réelle vers les étoiles. Nous avons fabriqués tellement d'armes atomiques que nous pourrions les recycler afin de visiter tout le système solaire et quelques étoiles proches avec des technologies atteignables aujourdhui même, si l'envie nous en prenait.

   Non pas que nous ayons *besoin* de quitter la planète, celle-ci nous fournira grandement de quoi vivre et se développer tous ensemble pendant encore quelques siècles, mais, telle une boite de pandore, une fois l'accès à l'espace ouvert, impossible de ne pas vouloir l'explorer! Afin de devenir une civilisation interplanétaire, c'est à dire capable d'explorer son système planétaire et donc de découvrir de nouvelles matières, de mieux comprendre les processus qui sont à l'origine de son existence, il faut énormément d'énergie. Le simple fait d'aller dans l'espace, de s'affranchir de la gravité terrestre requiert énormément d'énergie, actuellement dépensée sous forme de fusées.

   Nicolas Kardashev, astronome russe, présenta en 1964 son échelle de "développement spatial". Elle classifie une civilisation en fonction de sa capacité à utiliser et mettre à profit l'énergie disponible au sein et aux alentours de son espace d'évolution. Ainsi une civilisation catégorie 1 est jugée capable d'utiliser toute l'énergie sur sa planète d'origine, une 2 toute l'énergie de son étoile et une 3 toute l'énergie de sa galaxie. L'énergie est  et sera clairement le nerf de la guerre dans toutes les activités humaines actuelles et futures.

   Pour l'instant l'énergie reste encore un bien rare même si les projections de Kardashev appliquées aux chiffres de l'agence mondiale pour l'énergie nous laissent présager la possibilité d'atteindre le niveau 1 aux alentours de l'an 2200. Actuellement nous capterions les 2/3 de l'énergie disponible à la surface de la Terre. Nous en gaspillons cependant énormément (au moins 50%) car les technologies d'éfficacité énergétique (moteurs, lignes à haute tension, cables superconducteurs sans pertes, urbanisme post-pétrole) n'ont pas beaucoup reçues de subventions durant les dernières 40 ou 50 années d'abondance énergétique fossile pas chère.

   Quoi qu'il en soit, les monopoles énergétiques sovietisants, aussi bien à l'Ouest qu'à l'Est, sont toujours là, l'abondance n'est, elle, toujours pas de mise car pour les classes dirigeantes l'abondance = indépendance = liberté = perte de contrôle = perte de pouvoir. A moins de trouver de nouvelles sources d'énergie ou que les Etats subventionnent l'indépendance énergétique au niveau local (maison, hameaux, villages) il est certain que les années à venir apporteront une hausse constante des coûts de toutes les énergies (fossiles, renouvelables  et nucléaire).

   Etant donné que les sociétés travaillant dans l'énergie sont ultra-puissantes et privées il est fort possible qu'avec le milieu de la finance celles-ci deviennent de facto les nouveaux dirigeants dans l'ombre de la planète. Tout cela n'est pas paranoia insensée mais simplement une mise en situation ; que ferions-nous si nous étions à leur place avec leur mentalité et leur soif de pouvoir? Une fois devenues massives les corporations s'attaquent naturellement aux états afin d'en prendre le contrôle. C'est logique de leur part. Les 15 000 lobbyistes pour "nos" 750 eurodéputés à Bruxelles en sont la preuve. Le placement dans l'administration Obama de stratèges de la banque Goldman&Sachs en est une autre. Bachelot et les big pharma, Sarko & son tour sur le yacht à Bolloré, DSK & ses copinages au FMI et à la Banque Mondiale etc etc etc...

   Ainsi au lieu d'aller explorer l'espace collectivement dans un but scientifique, unificateur et pacificateur (tout en prenant soin de la planète en améliorant l'efficacité et la durabilité de toutes nos productions matérielles) on va gaspiller des décennies à faire des guerres à la commande pilotées par les intérêts de grosses boites qui n'ont que la satisfaction de leurs actionnaires comme morale.



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Regardez ce petit point. C'est ici, c'est chez nous, c'est nous.
 
   Sur ce petit point, tous les gens que vous aimez, tous les gens que vous connaissez, absoluement tous les gens dont vous avez un jour entendu parler et tous les gens qui ont vécus, toutes ces vies se sont déroulées là. Les sommes de toutes nos joies et nos souffrances, de milliers de religions, d'idéologies et de doctrines économiques arrogantes, chaque chasseur et chaque pilleur, chaque héro et chaque lâche, chaque créateur et chaque destructeur de civilisations, chaque roi et chaque paysan, chaque jeune couple amouraché, chaque père et chaque mère, chaque enfant plein de rêves, chaque inventeur, chaque explorateur, chaque professeur de morale, chaque politicien corrompu, chaque "superstar", chaque "leader suprême", chaque saint et chaque pêcheur dans l'histoire de notre éspèce a vécu là - sur un grain de poussière baignant dans un rayon de soleil.

   La Terre est une minuscule scénette dans une vaste arène cosmique. Pensez aux rivières de sang qui ont coulées par la faute de tous ces généraux et empereurs simplement pour faire en sorte que, dans le triomphe et dans la gloire, ils deviennent temporairement les maitres d'une fraction de ce point. Pensez aux actes cruels perpétrés par les habitants d'un coin de ce pixel sur les autres habitants difficilement différenciables d'un autre coin de ce pixel ; si fréquentes sont leurs incompréhensions, tant d'enthousiasme ils dévouent à leurs tueries collectives, tant de ferveur alimente leurs haines.

 

   Nos simagrées, nos propre-importances imaginées, la délusion qui nous fait croire que nous avons une place priviligiée dans l'Univers, tout ça est remis en question par la photo de ce point de lumière. Notre planète est un solitaire grain de poussière cerné par les grandes ténèbres cosmique. Dans notre obscurité, dans toute cette étendue, aucun signe ne nous laisse croire que de l'aide viendra d'ailleurs, que quelqu'un ou quelque chose viendra nous sauver de nous-même. La Terre est l'unique planète connue habritant la vie. Il n'y a nulle part ailleurs, du moins dans le futur proche, où notre espèce pourrait émmigrer. Visiter oui, s'installer non. Que cela plaise ou pas, la Terre c'est là où on devra accomplir ce qui nous attend.

 

Carl Sagan

1990, dans "Pale Blue Dot"



   Qui aurait pu imaginer il y a 25 ans que l'humanité aurait tant régressée, malgré la fin de la guerre froide, malgré le bond en avant de l'informatique, des communications globales, de la recherche et malgré la création de l'UE et la montée en puissance de la Chine? On nous fait croire qu'il faut chier dans son froc à cause de 200 barbus paumés dans des montagnes à 5000 bornes et que ca justifie des milliards en dépenses, des attaques envers nos droits, garantis par la Constitution, envers nos concitoyens d'origine ethnique non-blanche et que de manière général l'ordre étatico-économique est l'unique salvation contre tous ces sauvages, ces islamistes, ces marxistes, ces artistes et maintenant même ces simples épiceries gauchistes...


  2010? Des iphones à 700 euros, des trotinettes en alu, des clodos partout, des pubs partout, des banquiers tout-puissants, la liberté d'expression sous attaque de toutes parts (web), des ennemis intérieurs, extérieurs, infiltrés, des ennemis partout et la décadence, le mensonge et l'irresponsabilité morale et économique hissés au statut de modèles nationaux.



  En France 2010 c'est la fonte du glacier Service Public, le renouveau du racisme gouvernemental, l'augmentation constante des charges sur les classes faibles, l'UMPS, le travail jusqu'à épuisement (67 ans) quitte à ne pas le partager avec ceux qui n'en ont pas, la privatisation de l'éducation et de la santé et une classe politique pitoyable, sans vision autre que la compromission.  Un sondage Sofrès (de merde certainement , après tout ca reste un sondage, mais bon les chiffres semblent correspondre) nous apprend (si besoin était) les suivants :

  • 73% des sondés (soit près des trois quart) pensent que les jeunes d'aujourd'hui auront « moins de chances » de réussir que leurs parents dans la France de l'avenir. Ils ne sont que 5% à penser qu'ils auront plus de chances, et 21% les mêmes chances. L'idée du déclin a donc fait son chemin ;
  • 23% seulement des personnes interrogées font confiance aux partis politiques, ce qui les place tout au bas de l'échelle. 71% ne leur font pas confiance, un score désastreux pour un des éléments centraux de la vie démocratique. Les médias ne font guère mieux : 27%, soit moins bien que les banques (37%), ce qui, après la crise financière, est signfiicatif.
  • 70% des sondés, à la question « Pour la défense de vos intérêts, en qui avez-vous le plus confiance ? », répondent eux-mêmes, loin devant toute autre possibilité : les associations (15%), les syndicats (7%), et là encore, les partis politiques qui ne recueillent qu'1 tout petit pour cent.

   La question de la légitimité fiscale (impôts) et étatique risque bien d'être de plus en plus remise en question au sein de la population, tout comme l'interdiction de vente des armes à feu.

   Les Lumières ont bel et bien vécues, dans leur berceau européen comme ailleurs et ont depuis enfantées des ribambelles de lâches assistés asservis à quelques monstres gouvernants et, comme toujours, ceux qui ne prendront pas position seront les premières victimes.

Alors aux armes ou aux étoiles citoyens?

Publié dans Recherche

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